Etude sur les tiers-lieux à La Réunion - Septembre 2022

Etude sur les tiers-lieux à La Réunion - Septembre 2022

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En 2022, la Région Réunion à commandité une étude visant à orienter son accompagnement en soutien à la dynamique des tiers-lieux à La Réunion. L’étude s’est déployée autour de quatre échelles de questionnements (tiers-lieux, réseau régional de tiers-lieux, utilisateurs, Région).

Synthèse de l'étude (extrait du présent document) : 

Qu’est ce qu’un tiers-lieu? Trois principes clé sont proposés pour le définir : (a) l’ouverture d’un lieu à tous sans distinction de profil ou de statut, (b) le décloisonnement dans les disciplines et la collaboration avec d’autres acteurs et (c) l’appropriation du tiers-lieu par les utilisateurs eux-mêmes (démocratie sociale).

Cinq éléments permettent de caractériser les tiers-lieux :

  • L’entreprenariat local : les tiers-lieux naissent d’une volonté d’entreprendre localement autour
    de l’entraide et d’une mutualisation entre pairs. S’y retrouve une communauté d’acteurs locaux qui mutualisent des équipements, des moyens et des compétences.
  • Coopération et libre contribution : les utilisateurs sont impliqués dans le projet, ils le construisent et font évoluer ses services et activités.
  • Expérimentation et innovation sociale : espaces dédiées à la pratique au faire soi-même, les
    tiers-lieux sont évolutifs et adaptables, favorisant l’émergence de projets ‘hors cadre”.
  • Ouverture et convivialité : résolument ouverts, les tiers-lieux privilégient l’accueil universel et
    facilitent les rencontres informelles. Ce sont les interactions sociales imprévues qui font aussi la
    valeur du tiers-lieu.
  • Hybridation d'activités : S’y mêlent création de nouvelles activités économiques et activités
    d’utilité sociale. Des modèles économiques hybrides s’y inventent et l’autonomie financière des
    tiers-lieux est recherchée à travers des revenus divers, subventions comprises.

La cartographie de l’offre et de la demande met en lumière 45 tiers-lieux ouverts et 18 en projet. La dynamique de croissance du secteur est forte (+20% par an environ). Trois tendances régionales sont relevées :

  • (a) l’existence de zones non couvertes (zones blanches) dans les Hauts et à mi-pente,
  • (b) destiers-lieux très engagés sur des thématiques sociales (pauvreté, exclusion, genre, illectronisme,
    handicap, etc), et
  • (c) l’émergence de trois réseaux régionaux de tiers-lieux (dont deux thématiques).L'aménagement du territoire (rééquilibrage) apparaît comme la première étape d’une politique régionale.

Cinq freins au développement des tiers-lieux ont été identifiés à La Réunion :

  1. L’accès difficile au foncier et au bâti (priorité n°1),
  2. La dynamique associative à appuyer lorsqu’elle émerge,
  3. Les politiques publiques vécues comme chronophages et compliquées,
  4. Le manque de connaissance des tiers-lieux sur l’île (encore un OVNI),
  5. Le modèle économique (hybride) à trouver.

La politique régionale peut contribuer à limiter ces freins, en favorisant l’accès au foncier, en fluidifiant l’accès aux financements et en appuyant l’émergence de nouveaux tiers-lieux, la consolidation des lieux existants et le réseau régional.

A quelles finalités? Les tiers-lieux génèrent de nombreux impacts sur le territoire :

  • l’enquête met en lumière la diffusion d’une nouvelle approche du développement territorial (associant
    la population),
  • de nouveaux rapports coopératifs (entre usagers),
  • une dynamique économique (plus de chiffre d’affaires), des emplois (90 salariés dans 22 tiers-lieux sondés),
  • des innovations (environnementales, sociales, techniques, etc).

Une action régionale en faveur des tiers-lieux répond à trois enjeux :

vers une équité territoriale, les tiers-lieux en écho aux compétences régionales, la stratégie foncière.

  1. Premier enjeu, pour rééquilibrer l’implantation des tiers-lieux sur le territoire, limiter les déplacements par le télétravail en tiers-lieu (démobilité), faire sortir les tiers-lieux à la rencontre des lycéens et collégiens, et générer une dynamique de tiers-lieux dans les Hauts, les Quartiers Prioritaires et en milieu rural sont des axes à intégrer dans une politique régionale. La Vision 2030 est de disposer de 100 tiers-lieux répartis sur l’ensemble du territoire de La Réunion, ancrés en proximité de la population (notamment en QPV et en ZRR), avec des modèles économiques hybrides, cogérés par les habitants, et dans lesquels les collectivités sont impliquées.
  2. Deuxième enjeu, préserver la démocratie sociale et s’ajuster à l’approche transdisciplinaire et participative des tiers-lieux devrait se refléter dans la politique régionale.
  3. Troisième enjeu, l’implication de la Région (et de sa Direction du Patrimoine) est clé pour proposer des solutions de foncier et de bâti aux tiers-lieux en émergence (à partir du patrimoine de la Région, d’autres collectivités et de bailleurs).

Cinq critères sont proposés comme déterminants de la politique régionale :

  1. appuyer des tiers-lieux caractérisés par le “faire ensemble “ (coconstruction avec la population),
  2. l’ouverture à tous,
  3. l’accessibilité financière,
  4. l’accueil humain
  5. et la flexibilité dans l’usage des ressources

 

10 axes de recommandations détaillés dans le rapport :

  1. Enjeux et pertinence de l’action régionale : soutenir la création de tiers-lieux, notamment en zones
    blanches, consolider les tiers-lieux existants, promouvoir le travail en tiers-lieu
  2. Objectifs de l’aide régionale : développer des outils de production en commun, renforcer le transfert
    de savoirs à la population, soutenir l’intermédiation, préserver la démocratie sociale
  3. Conditions et leviers périphériques de l’intervention régionale : Identifier les réserves de foncier et de
    bâti pour les tiers-lieux, intégrer ces besoins dans un schéma foncier régional
  4. Conditions et leviers périphériques de l’intervention régionale : créer les indicateurs nécessaires,
    rencontrer sur site les collectifs, accompagner la structuration du réseau régional
  5. Organisation de l’intervention régionale : centraliser le pilotage à la DIDN avec un chef de projet
    tiers-lieu, mettre en place un dispositif d’aides “tiers-lieu” (création, consolidation), organiser des revues
    de projets internes, animer une Commission avec les élus, expérimenter la mise en place du télétravail
    en tiers-lieu pour les agents publics
  6. Cohérence de l’intervention régionale : intégrer un accompagnement des porteurs de projets, se
    concerter avec les autres acteurs, s’inscrire dans les comités de sélection ou d’échanges mis en place
    par d’autres dispositifs publics.
  7. Efficience de l’intervention régionale : stimuler les collectivités locales à soutenir conjointement les
    tiers-lieux, s’appuyer sur un tiers de confiance (réseau régional tiers-lieu)
  8. Efficacité de l’intervention régionale : lancer un appel à projet sur 3 ans, appliquer un taux
    d’intervention de 50-70%, consacrer 1 million € par an pour l’aide à la création pendant deux ans et 750
    000 € par an pour la consolidation des tiers-lieux, réserver le budget DEFFINOV (1,2 Million €) à la
    consolidation des tiers-lieux existants
  9. Efficacité de l’intervention régionale : Réserver un budget “tête de réseau” pour le réseau régional,
    intégrer le bénévolat dans les plans de financements (max. 20%) et accompagner les tiers-lieux dans la
    génération de ressources, activer le DLA sur les besoins des tiers-lieux
  10. Évaluation de l’intervention régionale : intégrer une démarche évaluative continue

Auteur

  • Coopérative tiers-lieu(x), évaluation sud et Justess OI pour La Région Réunion

Type de ressource

Etudes - Analyses